Transcription de l'entretien:
Pouvez-vous vous présenter, nom, âge, pays, profession actuelle et date du jour
Je m'appelle Amina Amharech, je suis Amazigh, donc militante Amazigh sur les droits des peuples autochtones, dans le cadre de la déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones.
Pendant la COVID, vous ou l'un des membres de votre communauté avez-vous rencontré un problème de santé ? et comment évaluez-vous le soutien social? Est-ce que vous ou quelqu'un de votre communauté avez perdu leur emploi? et comment avez-vous subsisté pendant cette période ?
Je vais répondre dans le cadre de mes connaissances sur la question de l'épisode du Covid au Maroc. Tout d'abord quand la Covid a démarré au Maroc, je pense que ça a démarrer plus dans les grandes villes où il y avait des aéroports à cause des flux des rentrées de touristes, d'étrangers, de marocains aussi, de ressortissants marocains qui sont arrivés. Donc ça a plus démarrer dans les grandes villes.
ça c'est la première remarque que j'avais faite à l'époque . Dans les régions par contre Amazigh reculées, pour une fois le plan de classement a été comment dire bénéfique, vu que les gens étaient éloignés des centres et des villes et des allées venus et donc ils ont été un petit peu protégés, le Maroc a été quand même l'un des pays les plus réactifs par ce que à un moment donné ils ont fermé les aéroports, ils avaient créé des centres d'accueil pour les gens qui étaient atteint du covid donc la prise en charge était pour tout le monde.
C'est vrai que les gens ont suivis sur les réseaux sociaux et sur les réseaux sociaux on entendait qu'il y avait des gens qui étaient atteints qui ne trouvaient pas par exemple de l'oxygène, mais malgré tout ça je pense qu'au début au tout début de la pandémie, il y a eu une très grande réactivité, c'est par la suite que les choses ont un petit peu pris une ampleur qui a dépassé aussi la limite du possible.
Exemple pendant le mois de mars jusqu'à juillet c'était un confinement pratiquement total, donc ça a limité un peu les dégâts mais lorsqu'il y a eu la fête du mouton, donc tout ceux qui étaient dans les grandes villes, les cités, il y a eu les vacances et ça c'était la mauvaise idée par ce que c'est tous ceux qui travaillent dans les grandes villes comme Tanger , du coup ils ont ramené le virus chez eux, chez leurs parents, leur famille, qui sont dans des régions où il n'y a pas justement accès, il n’y a pas beaucoup d'hôpitaux, il n’y a pas d'infrastructures hospitalière qui pouvait contenir un petit peu tous ces flux et tous ces cas .
C'est à partir de là qu'on a commencé à avoir entendre sur les réseaux sociaux qu'il y a des gens qui n'ont pas pu trouver d'oxygène qui n'ont pas pu être hospitalisés, mais en même temps dans ces régions il n'y a pas d'infrastructure hospitalière.
Autre chose et comme je disais le Maroc est aussi peut-être l'un des pays qui a pu profiter du covid , je m'explique, dans le secteur agricole l'activité ne s'est pas arrêtée mais en même temps c'est des grandes exploitations agricoles où il y a toujours eu des règles qui sont habituées à l'exportation donc les gens sont habillés, ils portent des masques, donc c'est tout ce qui a été on a ajouté les gants et cetera et donc le secteur agricole qui est assez développé, et avec des machines et cetera il n'a pas trop souffert. Autre secteur qui n'avait pas aussi connu trop la crise c'est celui de l'automobile et de l'industrie, notamment à Tanger par ce que ça n’arrêter pas , chaque huit heures on entendait les transporteurs d’ouvrier qui passer et ça c’était dans tout ce silence qui s’était installer le bruit des transporteurs d’employés d’usines on l’entendait et c’était récurrent.
C’est vrai que beaucoup de gens ont perdu leurs emplois surtout les gens qui travaillent au quotidien pour gagner leur pitance journalière, c'est vrai que ces personnes-là on les a empêché, ils pouvaient plus sortir ils pouvaient pas il y avait les porteurs, il y avait les personnes qui vendaient dans les rues il y a toute cette catégorie de travailleurs qui n'en avez pas de couverture sociale mais qui ont quand même galérer pendant cette période-là ce qu'il y a eu c’est que l'État à un moment donné il y a eu la solidarité familiale, la solidarité sociale, il y a eu aussi une mobilisation de la part des ressortissants marocains à l'étranger qui ont commencé à envoyer de l'argent à leur famille, et c’est de là aussi qui est venu l'idée de créer une couverture sociale aujourd'hui, c'est en face d'être généralisé après je suis pas très sure mais je sais qu'ils inscrivent tout le monde aujourd'hui ils essaient d’inscrire tout le monde pour voir qui travaille qui ne travaille pas, et qui peut en bénéficier.
Autre cas par exemple que je peux souligner, c'est la période où il n'y avait pas justement de Covid dans les régions reculées, il n'y avait pas encore de contamination, c'est que dans ces régions il y a ce qu'on appelle les souks hebdomadaires, ils ont été clôturer par décision des autorités locales par ce que ces gens ils vendait et ils avaient des petites exploitations de l'agriculture vivrière, et donc ils avaient besoin d'aller au marché, sur les marchés vendre leurs produits mais aussi ramener ce dont ils avaient besoin donc c'est un petit peu en gros la situation qu'il y a eu au Maroc.
Le Maroc avec crée aussi une caisse d'entraide pour justement prélever des aides auprès des grandes entreprises et des gens qui avaient les moyens, il y a eu aussi par exemple des prélèvements sur le salaire et tout ça était destiné à aider les gens qui n'avaient pas les moyens, mais bien sûr il y a toujours des îlots de personnes qui n'ont pas pu bénéficier, par ce que dans les catastrophes il y a ce qu'il y a de meilleur qui apparaît mais il y a aussi ce qu'il y a de pire chez certaines personnes.
Pensez-vous qu'un aspect de votre identité vous empêche d'accéder à la protection sociale
Au fait ce qui a fait que ces personnes n'ont pas bénéficié, d'abord si on parle des régions reculées, les régions Amazigh c'est par ce que tout simplement à la base il y avait pas d'infrastructure hospitalière donc quand il y a un désert sanitaire automatiquement. Les déserts sanitaires existent depuis toujours. Il y a des tas de personnes qui ont eu des accidents qui doivent être acheminées sur 400 km 500 km pour être acheminée sur Fès. Par exemple il y a les gens de Al Hoceïma, qui doivent aller jusqu'à Fès ou à Rabat pour la chimiothérapie, il y a eu aussi les femmes du Lmichil, Lmichil elle est à cheval entre Midelt et Errachidia et c'est des régions montagneuses où il y a pas de route praticable, et il est difficile de circuler donc beaucoup des femmes chaque année mouraient pendant l'hiver, elles perdaient leurs bébés par ce que tout simplement pour aller sur 200 km sur des pistes c'est difficile ,donc ça a toujours existé avec bien sûr avec la covid c'est normal quand il y a un désert sanitaire ça se ressent.
Sur les villes par contre, quand une catastrophe arrive ça fait apparaître ce qu'il y a de bien et parfois ce qu'il y a de mauvais, et donc quand ils ont ouvert cette possibilité de s’inscrire pour avoir des aides, il y a des gens qui ne travaillaient pas mais qui quand même vivaient dans des maisons, ils avaient des familles, ils avaient des loyers mais le fait que ces familles n’étaient pas inscrites à la CNSS a fait qu’elles se sont inscrites et elles ont bénéficier alors que les personnes qui ont le plus besoin parfois n’ont pas eu accès, n’ont pas pu s’inscrire par ce que il faut pas oublier qu’il y a aussi des gens qui n’ont pas de carte nationale. Et c’est pour ça qu’aujourd’hui l’état essaie de généraliser le fait que tout le monde puisse avoir une carte d’identité nationale, mais aussi pour s’inscrire sur les listes et actuellement, et aussi pour éviter ces cas de fraude aujourd'hui la reconnaissance, elle fait par la rétine de l'œil donc ça c'est une façon aussi pour contourner que les gens ne s'inscrivent pas et ne prennent pas la place ce qui est notable aussi.
C'est ce que je vais essayer de souligner c'est que contrairement à d'autres pays ou de ce genre de politique sociale, elle est prise en charge par les représentants, les élus, les partis politiques et tout ça au Maroc non la politique sociale a été guidée par le roi en personne d'où là le fait qu’aujourd'hui beaucoup de marocains n’ont pas envie de voter pour voter, parce que les élus ne font pas leur travail, les partis politiques ne font pas leur travail ,et si on doit attendre que le roi prenne toutes les mesures, ce n'est pas normal il faut qu'il y ait que chacun fasse ce qu'il a à faire. Les élus connaissent mieux que quiconque le contexte de leur région de leur population, mais aujourd'hui il y a ce vide et voilà donc toute décision elle vient d’en haut et heureusement qu'elle a été prise. mais juste par rapport au trans, les homosexuels, il y a eu ce problème par ce que beaucoup de gens ne connaissaient pas la réalité ou les choix de leurs enfants par exemple ou il y a eu beaucoup de divorce suite au Covid, il y a eu beaucoup d'agression aussi il y a eu beaucoup de violence par ce que quand vous ne savez pas que votre fils est homosexuel et que vous découvrez à cause du confinement donc cette promiscuité a aussi mis en danger beaucoup de personnes dans l'état de violence familiale où juste dans les cas où les femmes se faisaient battre, c'est devenu les femmes et les enfants qui se faisaient battre par ce que ils pouvaient pas sortir ils pouvaient pas s’échapper, et donc tout le monde en avait peur et après la covid ça se ressent sur le terrain donc on voit qu'il y a eu une explosion un boom des divorces au Maroc.
Comment évaluez-vous le rôle de la société civile dans la protection sociale ?
Au fait moi je sais pas, mais je me pose des questions sur la société qu'est-ce qu'on veut dire par la société civile? Est-ce que c'est des gens qui s'entraident entre eux? ou bien qui s’organisent sous forme d'association? les associations par exemple elle peuvent venir en aide mais ce n'est pas elles qui choisissent, c'est sous la surveillance des autorités pourquoi? il faut rappeler que pendant une décennie on a eu le PJD, les islamistes étaient au gouvernement et pendant cette période il y a eu une explosion d'associations mais toutes ces associations étaient géré par des islamistes, justement et qui les utilisaient comme un moyen pour après attirer les voix et les votes, mais après cet épisode là, aujourd'hui l'État essaie de bien serrer les boulons à la société civile, et aux associations pour justement voir d'où vient les fonds, mais en même temps c'est bien de gérer et tout mais est-ce que ça va dans le bon sens? est-ce que ça va dans là où on a besoin? les associations par exemple de droits de l'homme est-ce qu'elles regardent là où il faut regarder? sans des institutions de droits de l'homme quand même et selon les préceptes des Nations Unies elles doivent être indépendantes en financement en fonctionnement et en nomination, ce qui n'est pas le cas et du coup il est difficile parfois de délimiter. La société civile c'est l'aide, c’est les aides familiales et à ce titre là les gens, les ressortissants marocain et amazigh du Maroc, ils ont fait un très bon boulot pendant le confinement par ce que c'est grâce à eux que l'entraide est arrivée et que leurs parents leurs familles ont continués à vivre. Quand on instaure un système, le système a besoin d'un plan pour se mettre en place pour inscrire enregistrer déterminer qui peut bénéficier ou non, et ce processus il est assez long alors que parfois on est dans l'explétive il faut que ça soit maintenant et pas voilà.